Monographies CIRC Café maté boissons chaudes

Café, maté, boissons très chaudes et cancer

Conclusions de l’évaluation par le Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC)

Contexte

Dans le cadre des monographies du CIRC, un groupe de travail international composé de 23 experts a réévalué la cancérogénicité des boissons consommées chaudes, dont le café et le maté*. Le thé, qui avait été classé non cancérogène par le CIRC en 1991 (Monographie Volume 51), n’a pas été réévalué.

Cette évaluation se base sur plus de 1000 études épidémiologiques d’observation et d’études expérimentales, réalisées en Europe, en Asie ou en Amérique. Les conclusions du groupe de travail ont été publiées par le CIRC le 15 juin 2016. La monographie correspondante présentant l’ensemble des données (volume 116) est disponible depuis le 13 juin 2018.

* Le maté est une infusion à base de feuilles séchées d’Ilex paraguariensis. Il est consommé principalement en Amérique du Sud et dans une moindre mesure au Moyen-Orient, en Europe et en Amérique du Nord. Le maté est traditionnellement bu très chaud (à environ 70 °C), à l’aide d’une paille en métal, mais il peut aussi être consommé moins chaud ou froid.

Le café

En 1991, le CIRC avait classé le café comme « peut-être cancérogène pour l’homme » (Groupe 2B). A l’issue de cette réévaluation, le groupe de travail a estimé les données insuffisantes pour conclure à la cancérogénicité de la consommation de café (groupe 3). D’après les études épidémiologiques, l’association initialement observée entre la consommation de café et le risque de cancer de la vessie semble être due au tabagisme souvent associé à la consommation de café. Aucune association n’est observée pour les cancers du pancréas, du sein et de la prostate, et une réduction du risque a été observée pour les cancers du foie et de l'endomètre. Pour plus de 20 autres cancers, les données ne permettent pas de conclure.

Le maté

En 1991, le maté chaud avait été classé probablement cancérogène pour l’homme (Groupe 2A). Les études récentes indiquent que l’augmentation du risque de cancer de l’œsophage avec la quantité de maté consommé n’est significative que pour le maté "chaud" ou "très chaud".
Les données épidémiologiques et expérimentales indiquent que le maté consommé froid n'a pas d'effet cancérogène. Le groupe de travail a donc conclu que la consommation de maté à des températures peu élevées est inclassable quant à sa cancérogénicité pour l’homme (groupe 3).

Les boissons très chaudes

Les études épidémiologiques récentes montrent que les boissons très chaudes consommées à 65° C ou plus augmentent le risque de cancer de l’œsophage, pour divers types de boissons. Les boissons très chaudes sont classées probablement cancérogènes pour l’homme (Groupe 2A).
Il est à noter que les températures normales de consommation de café et de thé dans les pays européens et l'Amérique du Nord sont inférieures à 60 degrés.

Autres évaluations

Il est à noter que des niveaux de preuve ont été établis par ailleurs par le World Cancer Research Fund (WCRF) et l’American Institute for Cancer Research (AICR) pour le café et le maté :

  • Café : l’association avec le risque de cancer du pancréas a été jugée improbable (2012), la réduction du risque de cancer de l’endomètre (2013) et du foie (2015) a été jugée probable.
  • Maté très chaud (consommation traditionnelle) : l’augmentation du risque de cancer de l’œsophage (carcinome épidermoïde, le plus fréquent) a été jugé probable (2016).

Bien que les qualificatifs soient différents, les conclusions du CIRC et ces niveaux de preuve sont cohérents.

Conclusion

Dans l’état actuel des connaissances, le café non consommé très chaud n’augmente pas le risque de cancer. A l’inverse, il réduit le risque de cancer de l’endomètre et du foie.

Le maté consommé très chaud et plus largement les boissons très chaudes de tout type augmentent le risque de cancer de l’œsophage. Le cancer de l’œsophage est la huitième cause la plus fréquente de cancer dans le monde. C’est l’une des principales causes de décès par cancer, représentant 400 000 décès enregistrés en 2012. Les principaux facteurs de risque de ce cancer sont le tabac, l’alcool et l’obésité. La part des cancers attribuables aux boissons très chaudes n’est pas connue actuellement.