Prise en charge cancer du sein nutrition (RPC Nice - St-Paul de Vence 2009, 2011)

Recommandations nutritionnelles dans la prise en charge du cancer du sein (RPC Nice - St-Paul de Vence 2009, 2011)

La nutrition a un impact sur la réussite du traitement et le pronostic du cancer du sein ainsi que sur la qualité de vie des patientes. C'est également l'un des déterminants du risque de récidive et de second cancer. Des recommandations nutritionnelles dans la prise en charge du cancer du sein, destinées aux professionnels de la santé, ont été élaborées dans le cadre des recommandations pour la pratique clinique (RPC) Nice - St-Paul de Vence, par le groupe de travail Nutrition, sous la coordination de l'Association Francophone pour les Soins Oncologiques de Support (AFSOS).

SOMMAIRE

1. Recommandations Nice St-Paul de Vence 2009 et 2011

2. Références

1. Recommandations Nice St-Paul de Vence 2009 et 2011

Dans le cadre des recommandations pour la pratique clinique (RPC) Nice - St-Paul de Vence, des recommandations nutritionnelles dans la prise en charge du cancer du sein, destinées aux professionnels de la santé, ont été élaborées.

Ces recommandations concernent plusieurs facteurs nutritionnels [1] [2].

Surpoids et obésité

Prévention de la prise de poids pendant le traitement

  • Surveiller la courbe pondérale en cours de traitement (accord d’experts) ;
  • Inciter les patientes à maintenir leur poids pendant et après le traitement (ceci passe par une activité physique adaptée et une prise en charge diététique) (grade B) ;
  • Limiter l’usage des corticoïdes au minimum nécessaire (accord d’experts).

Patientes en situation de surpoids ou d’obésité après la maladie

  • Proposer aux patientes une consultation de diététique afin de les faire bénéficier de conseils alimentaires personnalisés (grade A) ;
  • Recommander d’éviter toute prise de poids supplémentaire (grade A) ;
  • Recommander d’adapter l’alimentation en privilégiant les aliments à faible densité énergétique (fruits et légumes) et en limitant les aliments gras et les aliments sucrés (grade A) ;
  • Recommander d’augmenter de façon progressive l’activité physique (suivre au moins les recommandations pour la population générale) (grade A) ;
  • En cas d’obésité, orienter les patientes vers un programme de réduction pondérale (grade A).

Prise en charge des dyslipidémies et prévention des maladies cardiovasculaires

Les traitements anti-aromatases, la ménopause chimio-induite sont des facteurs de dyslipidémie et de co-morbidité cardiovasculaire.

  • Dépister les dyslipidémies (anomalies des lipides sanguins) (grade A) ;
  • Aider les patientes à suivre les recommandations diététiques visant à réduire le risque de maladies cardiovasculaires [3](grade A) :
    • limiter l’apport en acides gras saturés ;
    • limiter le cholestérol alimentaire voire utiliser des aliments enrichis en stérols végétaux ;
    • limiter l’alcool ;
    • augmenter les acides gras poly-insaturés oméga 3 (poissons) et les fibres (fruits, légumes et produits céréaliers) ;
    • contrôler le poids et corriger la sédentarité excessive.

Prévention de l’ostéoporose

La ménopause chimio-induite et les traitements hormonaux augmentent le risque d’ostéoporose.

  • Evaluer chez toutes les femmes le risque d’ostéoporose en fonction des facteurs de risque connus (grade A) ; 
  • Réaliser un bilan osseux de type ostéodensitométrie ainsi qu’un dosage de calcium et de vitamine D permettant de définir le risque individuel en dehors de facteurs de risque (grade A) ; 
  • Attirer régulièrement l’attention des patientes sur l’importance d’apports journaliers alimentaires suffisants en calcium et vitamine D (Recommandations PNNS) [4](grade B) ; 
  • Adapter la prise en charge en fonction du risque (grade A).

Place de la supplémentation en acides gras oméga-3, en acides linoléiques conjugués et en micronutriments pendant et après les traitements d’un cancer du sein [2]

Aliments contenant des oméga-3 [2,5]

  • Les apports alimentaires en acides gras oméga-3 au diagnostic de cancer et dans les suites ne doivent pas être inférieurs à 1% de l’apport énergétique, avec 250 mg d’EPA et 250 mg de DHA par jour (grade B) ;
  • Les apports alimentaires en DHA avant et pendant chimiothérapie et radiothérapie doivent atteindre 1,8g par jour (grade B);
  • Le recours à des compléments alimentaires peut être nécessaire afin d’obtenir ce niveau d’apport de 1,8g. En effet l’Anses recommande de limiter la consommation de poissons à 2-3 portions par semaine, dont 1-2 poissons gras, en variant les espèces et les lieux d’approvisionnement (grade B).

Supplémentation en bêta-carotène [2,6]

Informer les patientes que la prise de suppléments enrichis en bêta-carotène est déconseillée au cours et après cancer du sein (grade A).

Supplémentation en vitamine D [2]

La supplémentation en vitamine D pendant le traitement d’un cancer du sein a un bénéfice sur la perte osseuse (grade A par analogie avec la population générale) et sur la tolérance des inhibiteurs de l’aromatase (grade C). Elle peut donc être recommandée en cas d’insuffisance ou de carence mesurées (accord d’experts).

Autres suppléments

Les données actuelles ne permettent pas de recommander la supplémentation en sélénium, vitamine C, vitamine E, coenzyme Q10, épigallocatéchine-3-gallate du thé vert (grade C).

Autres recommandations

Pour les aliments suivants dont la consommation régulière voire excessive peut représenter un risque, peu de données ont été obtenues spécifiquement chez les patientes atteintes de cancer du sein. Dans ce cas, les recommandations pour la population générale s’appliquent.

Compléments alimentaires* [1,2,6,7]

* Il s’agit des compléments alimentaires (concentrés de nutriments ou autres substances présentés sous forme de gélules, comprimés…) et non des compléments nutritionnels oraux (préparations alimentaires prêtes à l‘emploi destinées à augmenter l’apport énergétique et/ou protéiques) prescrits en cas de dénutrition ou de risque de dénutrition.

  • Ne pas prescrire de compléments alimentaires sauf en cas de déficience avérée (grade A pour la population générale/accord d’experts pour les patientes avec cancer du sein) ;
  • Informer les patientes qu’il est conseillé de satisfaire les besoins nutritionnels par une alimentation équilibrée et diversifiée sans recourir aux compléments alimentaires (grade A).

Aliments à base de soja [8]

  • Informer les patientes que les aliments à base de soja peuvent être consommés sans excès dans le cadre d’une alimentation équilibrée (grade B) ;
  • Informer les patientes qu’un apport élevé en phytoestrogènes (supérieur à 1 mg/kg) à partir d’aliments à base de soja ou de compléments alimentaires n’est pas recommandé (accord d’experts).

Boissons alcoolisées [6,7]

  • Informer les patientes que la consommation d’alcool est déconseillée, quel que soit le type de boisson (vin, bière, spiritueux) (grade A) ;
  • Ne pas inciter les patientes abstinentes à une consommation régulière, même modérée, car toute consommation d’alcool régulière est à risque (grade A) ;
  • En cas de consommation d’alcool, afin de réduire le risque de cancers, inciter les patientes à limiter la consommation autant que possible, tant en termes de quantité consommée que de fréquence de consommation (grade A) ;
  • En cas de difficulté à limiter la consommation d’alcool, envisager un accompagnement et éventuellement une prise en charge (accord d’experts).

2. Références 

[1] Recommandations pour la pratique clinique : Nice, Saint-Paul de Vence 2009 «cancers du sein» et «soins de support». Partie II - Soins de support. Nutrition. Oncologie 2009, 11 :711-727

[2] Recommandations pour la pratique clinique : Nice, Saint-Paul de Vence 2011 «cancers du sein» et «soins de support». Partie II - Soins de support. Nutrition. Oncologie 2011, 13 :806-816

[3] Afssaps. Prise en charge thérapeutique du patient dyslipidémique. Recommandations. 2005. Disponible sur : <www.ansm.sante.fr>

[4] La santé vient en mangeant. Le guide alimentaire pour tous. 2002. Disponible sur : <www.inpes.sante.fr>

[5] Anses. Avis de l’Agence française de sécurité sanitaire des aliments relatifs à l’actualisation des apports nutritionnels conseillés pour les acides gras. 2010. Disponible sur : <www.anses.fr>

[6] NACRe, INCa, DGS. Nutrition et prévention des cancers : des connaissances scientifiques aux recommandations. Boulogne-Billancourt : INCa ; 2009. Voir la brochure

[7] WCRF/AICR. Food, nutrition, physical activity, and the prevention of cancer: a global perspective. AICR, Washington DC, 2007, 517p. Disponible sur : <www.dietandcancerreport.org>

[8] Afssa/Afssaps. Sécurité et bénéfices des phyto-estrogènes apportés par l’alimentation. Recommandations. 2005. Disponible sur : <www.anses.fr>