Fibres alimentaires et cancer

Fibres alimentaires et risque de cancer, les principales données

Un rapport récent du Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC 2018) a estimé, qu’en France, 4 723 nouveaux cas de cancers sur les 346 000 nouveaux cas de l’année 2015 seraient attribuables à une faible consommation de fibres alimentaires (moins des 25 g/jour recommandés) [1].

Définitions

Les fibres alimentaires sont des glucides complexes (cellulose, pectine…) présents naturellement dans les aliments d’origine végétale, qui ne sont ni digérés, ni absorbés dans l’intestin grêle.

Les aliments riches en fibres sont les aliments céréaliers complets (pains complets ou aux céréales, pâtes et riz complets, semoule complète…), les légumes secs (lentilles, pois chiches, haricots…) ainsi que les légumes et les fruits.

Fact nut - fibres

Lien entre fibres alimentaires et cancer

Niveau de preuve scientifique

Des rapports d’expertise scientifique français et internationaux ont établi un lien entre la consommation de fibres alimentaires et la réduction du risque de développer un cancer colorectal.

Dès 1997, le World Cancer Research Fund (WCRF) et l’American Institute for Cancer Research (AICR) ont évalué les niveaux de preuve des associations entre consommation de fibres et risque de cancer. Le dernier rapport, publié en 2018, conclut que la consommation d’aliments contenant des fibres est associée à une diminution du risque de cancer colorectal avec un niveau de preuve probable [2]. Dans le rapport d’expertise collective coordonné par l’Institut National du Cancer (INCa) en 2015, le niveau de preuve avait été qualifié de convaincant pour ce cancer, et de probable pour le cancer du sein [3].

Localisation de cancers - Fibres France 2020

Focus sur les mécanismes

Une alimentation riche en fibres peut agir sur divers mécanismes impliqués dans le développement de cancers [3] :

  • réduction de la sécrétion d’insuline et de l’insulino-résistance,
  • diminution des concentrations dans le sang d’hormones et facteurs de croissance qui jouent un rôle dans la prolifération cellulaire,
  • accélération du transit intestinal et donc diminution de l’exposition du côlon aux cancérogènes potentiellement présents dans les selles,
  • au niveau colique, sous l’action du microbiote, les fibres sont aussi à l’origine de la production d’acides gras à chaîne courte dotés de propriétés anti-inflammatoires et antiprolifératives.

Par ailleurs, la consommation d’aliments contenant des fibres a un effet indirect, puisqu’elle  contribue à diminuer le risque de surpoids et d’obésité, facteur impliqué dans la survenue de nombreux cancers (voir la page « Surpoids et obésité ») [2].

Recommandation

Pour prévenir les risques de cancer, l’INCa conseille de [4] :

  • Consommer au moins deux fois par semaine des légumes secs (lentilles, haricots secs…), au moins un produit céréalier complet par jour (pâtes complètes, riz complet, pain complet…) et 5 portions de fruits et légumes par jour.

Ces conseils tiennent compte des nouvelles recommandations nutritionnelles destinées à la population adulte française, publiées par Santé publique France en 2019 [5]. Ces recommandations ont pour objectif d’aider les adultes à faire de meilleurs choix alimentaires et à adopter un mode de vie plus actif. Les nouvelles recommandations concernant les fibres comportent des données complémentaires :

  • Les légumes secs sont naturellement riches en fibres et contiennent des protéines végétales. Ils peuvent accompagner une volaille, un poisson ou une viande. Ils peuvent aussi remplacer la viande et la volaille ; dans ce cas, il est conseillé de les associer à un produit céréalier comme dans une salade de haricots rouges et maïs, un couscous avec des pois chiches ou un curry de lentilles accompagné de riz.
  • Les féculents complets, tels que les pains aux céréales, les pâtes semi-complètes ou le riz semi-complet, sont beaucoup plus riches en fibres que les produits raffinés (exemple : pain blanc).
  • Si vous pouvez, privilégiez les légumes secs bio et les féculents bio.

Pour s’informer et trouver des outils

Plusieurs outils déployés par Santé publique France sont disponibles, facilitant la mise en pratique des recommandations nutritionnelles :

  • le site mangerbouger.fr, avec notamment « La fabrique à menus », propose des idées de menus de saison variés pour manger équilibré toute la semaine en accord avec les repères nutritionnels.
  • Le Nutri-Score, logo à 5 couleurs apposé sur la face avant des emballages, informe les consommateurs sur la qualité nutritionnelle des produits et tient compte de la teneur en fibres des aliments. De « A » pour les produits les plus favorables sur le plan nutritionnel à « E » pour les produits les moins favorables.

Consommation de fibres alimentaires en France

En France, la moyenne de consommation de fibres de la population adulte est de 17,5 g/jour (18,9 g chez les hommes et 16,1 g chez les femmes). Seuls 13% des adultes (17,1 % des hommes et 8,3 % des femmes) atteignent le seuil minimum de 25 g/jour recommandés par le Programme National Nutrition Santé (PNNS) [6]. En dehors des différences entre hommes et femmes, les apports en fibres augmentent avec l’âge mais ne diffèrent pas selon le niveau de diplôme. En dix ans, la proportion d’adultes ayant des apports supérieurs ou égaux à 25 g par jour n’a pas évolué [6]

Les aliments qui contribuent le plus à l’apport en fibres dans l’alimentation des Français sont le pain, les légumes et les fruits. Les légumes secs et les aliments complets (pain complet, pâtes complètes, riz complets…), bien que riches en fibres, sont encore assez peu consommés par les Français [7].

Références

[1] IARC. Les cancers attribuables au mode de vie et à l’environnement en France métropolitaine. Lyon : International Agency for Research on Cancer, 2018. Disponible sur : <http://gco.iarc.fr/resources/paf-france_fr.php> (consulté le 27.05.2020).

[2] World Cancer Research Fund / American Institute for Cancer Research. Food, Nutrition, Physical Activity, and the Prevention of Cancer: A Global Perspective. Washington DC : AICR, 2018. Disponible sur : <www.wcrf.org> (consulté le 27.05.2020).

[3] Institut National du Cancer. Nutrition et prévention primaire des cancers : actualisation des données. Boulogne-Billancourt : INCa ; 2015. Voir le rapport

[4] Institut National du Cancer. Fiches repères : Nutrition et prévention des cancers. Boulogne-Billancourt : INCa ; 2019. Disponible sur <e-cancer.fr> (consulté le 27.05.2020)

[5] Santé publique France. Recommandations relatives à l'alimentation, à l'activité physique et à la sédentarité pour les adultes. Saint-Maurice : Santé publique France, 2019. 62 p. Disponible sur <www.santepubliquefrance.fr> (consulté le 27.05.2020)

[6] Santé publique France. Étude de santé sur l’environnement, la biosurveillance, l’activité physique et la nutrition (Esteban) 2014-2016. Volet nutrition. Chapitre Consommations alimentaires. 2018. Disponible sur : <www.santepubliquefrance.fr> (consulté le 27.05.2020).

[7] Anses. Étude individuelle nationale des consommations alimentaires 3 (INCA 3). Avis de l’Anses. Rapport d’expertise collective. Disponible sur <www.anses.fr> (consulté le 27.05.2020)