Activité physique et risque de cancer, les principales données
Un rapport récent du Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC) a estimé qu’en France, près de 3000 nouveaux cas de cancers (2500 chez les femmes et 460 chez les hommes) sur les 346 000 nouveaux cas de l’année 2015 seraient attribuables au manque d’activité physique [1].
Définitions
L’activité physique se définit par tout mouvement corporel produit par la contraction des muscles, entraînant une dépense énergétique supérieure à celle de la dépense de repos. Elle inclut tous les mouvements effectués dans la vie quotidienne et ne se réduit pas à la seule pratique sportive, qu’elle soit de loisir ou de compétition. Elle intègre également l’activité physique pratiquée dans le cadre de la vie professionnelle, de la vie courante (activités ménagères, jardinage…) ou des transports [2].
Le niveau d’activité physique (bas, modéré, élevé) d’une personne correspond à la dépense énergétique totale au cours d’une période donnée, en fonction de l’intensité, de la durée et de la fréquence des différents types d’activité physique pratiqués.
L’inactivité physique est définie comme un niveau insuffisant d'activité physique d'intensité modérée à élevée.
La sédentarité correspond aux situations passées en position assise ou allongée (en dehors de la période de sommeil et de repas). Elle est caractérisée par une faible dépense énergétique. La sédentarité est distincte de l’inactivité physique (voir ci-dessus). Sur une période donnée (jour ou semaine) on peut être sédentaire et avoir un niveau d’activité physique élevé.
Lien entre activité physique et cancer
Niveau de preuve scientifique
Plusieurs rapports d’expertise scientifique français et internationaux ont établi un lien entre l’activité physique et la réduction du risque de développer un cancer.
En France, une expertise collective coordonnée par l’Institut National du Cancer (INCa) en 2015 a conclu à une diminution convaincante ou probable du risque de plusieurs cancers, associée à la pratique d’activité physique [2].
Dès 1997, le World Cancer Research Fund (WCRF) et l’American Institute for Cancer Research (AICR) ont évalué les niveaux de preuve des associations entre activité physique et risque de cancer. Le dernier rapport, publié en 2018, conclut, que la pratique de l’activité physique (pour tous types d’activité physique et niveaux d’intensité), est associée à une diminution du risque de cancer du côlon avec un niveau de preuve convaincant, et du risque de cancers du sein et de l’endomètre avec un niveau de preuve probable [3]. La réduction du risque du cancer du sein en préménopause est établie seulement pour une activité physique d’intensité élevée [4].
Focus sur les mécanismes
Plusieurs mécanismes pourraient expliquer l’effet bénéfique de l’activité physique sur le risque de cancer [2, 3] :
diminution des concentrations dans le sang d’hormones et facteurs de croissance qui jouent un rôle dans la prolifération cellulaire, ainsi que sur l’insulino-résistance et l’inflammation,
stimulation de l‘immunité,
accélération du transit intestinal et donc diminution de l’exposition du côlon aux cancérogènes potentiellement présents dans les selles (spécifiquement pour le risque de cancer du côlon).
Par ailleurs, l’activité physique a un effet indirect, puisque la marche et l’activité physique d’endurance contribuent à diminuer le risque de surpoids et d’obésité, facteur impliqué dans la survenue de nombreux cancers (voir la page « Surpoids et obésité »). A l’inverse, la sédentarité, mesurée par le temps passé devant des écrans, augmente le risque de surpoids et d’obésité [3].
Pour prévenir les risques de cancers, l’INCa conseille de [5] :
pratiquer au moins l'équivalent de 30 minutes d’activité physique dynamique par jour. Le plus important, c'est la régularité : l'idéal est de pratiquer tous les jours. Même chez vous ou à votre travail, il est possible de faire de l'exercice, par exemple en descendant une station avant votre arrêt habituel ou en empruntant les escaliers plutôt que l'ascenseur. Vous pouvez compléter vos 30 minutes d'activité quotidienne par une heure d'exercice plus soutenu le week-end.
ne pas rester assis trop longtemps en prenant le temps de marcher un peu toutes les 2 h.
Ces conseils tiennent compte des nouvelles recommandations nutritionnelles destinées à la population adulte française, publiées par Santé publique France en 2019 [6]. Ces recommandations ont pour objectif d’aider les adultes à faire de meilleurs choix alimentaires et à adopter un mode de vie plus actif. Les nouvelles recommandations concernant l’activité physique et la sédentarité comportent des données complémentaires :
Un peu d’activité physique c’est déjà bien, plus c’est encore mieux.
Pour plus de bienfaits sur la santé, il est recommandé de faire deux fois par semaine des activités de renforcement musculaire, d’assouplissement et d’équilibre.
Il existe de nombreuses occasions d’être actif :
dans vos activités du quotidien (privilégier les escaliers, se déplacer à pied ou à vélo),
par la pratique d’un sport ou d’activités physiques de loisirs (natation, jeux de ballon, jardinage…)
Si vous reprenez ou débutez le sport, il est conseillé de le faire progressivement.
Même si vous faites déjà au moins 30 min d’activités physiques dynamiques par jour, il est bénéfique de réduire aussi le temps passé assis
Au travail, si vous pouvez, pensez à marcher un peu toutes les 2 h.
En dehors du travail, limitez le plus possible le temps passé assis : attention par exemple au temps consacré aux écrans.
Pour s’informer et trouver des outils
Plusieurs outils déployés par Santé publique France sont disponibles, facilitant la mise en pratique des recommandations nutritionnelles :
le site mangerbouger.fr propose des outils pour évaluer votre niveau d’activité physique, des conseils et des exemples d’exercices adaptés.
Pratique de l’activité physique en France
Selon le Baromètre Santé de 2021 de Santé Publique France, en France en 2021, 66 % des adultes de 18 à 85 ans ont un niveau d’activité physique « modéré » ou « élevé » équivalant aux recommandations internationales pour le maintien de la santé, à savoir au moins 30 minutes d’activité physique d’intensité modérée par jour cinq jours par semaine [6].
Cette proportion varie selon le sexe : 73 % des hommes sont physiquement actifs contre 59 % des femmes. Elle varie aussi avecl’âge puisque le niveau « élevé » d’activité physique diminue avec l’âge, pour les deux sexes, au profit d’une activité physique « modérée ». Elle ne varie pas avec le niveau de diplôme. Néanmoins, les personnes les plus diplômées s’engagent plus dans une pratique d’activité physique de niveau « élevé » que les moins diplômées, aussi bien chez les hommes que chez les femmes [6]. Enfin, la pratique d’activité physique varie en fonction des régions, démontrant que les aménagements (pistes cyclables, environnements favorisant la marche, nombre de parcs, offre de transports publics, etc.) jouent un rôle dans l’encouragement à la pratique.
Niveau d’activité physique : situation des adultes français de 18-85 ans
Source : Baromètre Santé 2021
En France, les adultes passent en moyenne 6 heures et 35 minutes par jour dans des activités sédentaires, selon l'étude ESTEBAN 2014-2016 [7] : ainsi plus d'un adulte sur 5 a un niveau de sédentarité « modéré » ou « élevé » (ce niveau étant équivalent à une durée des activités sédentaires ≥ 7 h/j). Ce taux de sédentarité concerne l’ensemble de la population adulte, quels que soient le sexe, l’âge ou le niveau de diplôme. De plus, 39 % des adultes passent 3 heures/jour ou plus devant un écran en dehors de toute activité professionnelle. Un adulte sur dix environ cumule un niveau de sédentarité élevé et un niveau d’activité physique inférieur aux recommandations [6].
Références
[1] IARC. Les cancers attribuables au mode de vie et à l’environnement en France métropolitaine. Lyon: International Agency for Research on Cancer, 2018.Chap. 13. Disponible sur : <gco.iarc.fr> (consulté le 15.09.2020).
[2] Institut National du Cancer. Nutrition et prévention primaire des cancers : actualisation des données. Boulogne-Billancourt : INCa ; 2015. Voir le rapport (consulté le 15.09.2020)
[3] World Cancer Research Fund / American Institute for Cancer Research. Food, Nutrition, Physical Activity, and the Prevention of Cancer: A Global Perspective. Washington DC : AICR, 2018. Disponible sur : <www.wcrf.org> (consulté le 15.09.2020).
[4] Institut National du Cancer. Fiches repères : Nutrition et prévention des cancers. Boulogne-Billancourt : INCa ; 2019. Disponible sur <www.e-cancer.fr> (consulté le 15.09.2020)
[5] Brochure ''Nutrition et cancers - Alimentation, consommation d'alcool, activité physique et poids'' INCa 2015 - Mise à jour en mars 2019. Disponible sur : <www.e-cancer.fr> (Consulté le 15.09.2020).
[6] Verdot C, Salanave B, Escalon H, Deschamps V. Prévalences nationales et régionales de l’activité physique et de la sédentarité des adultes en France : résultats du Baromètre de Santé publique France 2021. Bull Épidémiol Hebd. 2024;(12):240-9. http://beh.santepubliquefrance.fr/beh/2024/12/2024_12_1.html (consulté le 26.06.2024).
[7] Santé publique France. Étude de santé sur l’environnement, la biosurveillance, l’activité physique et la nutrition (Esteban) 2014-2016. Volet nutrition. Chapitre Activité physique et sédentarité. 2018. Disponible sur : <www.santepubliquefrance.fr> (Consulté le 15.09.2020).
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